[Premier Post]
Le soleil se levait sur un jour ordinaire à Yokohama, deuxième ville du Japon après Tôkyô. C'est dans cette même ville qu'Izumi avait déménagé, à la fin de l'été pour retrouver l'école. Les cours par correspondance c'est bien mais on y apprend pas les fondements de la vie sociale. Alors, elle s'était dit que c'était précisément ce qu'il lui fallait. Elle avait pas spécialement envie de s'retrouver dans une classe de gros niais mais bon, un an c'est pas si énorme, elle n'aurait pas besoin de plus. Une dernière année de cours avant d'attaquer quelque chose qui vraiment pourrait lui plaire. Pour le moment elle savait pas trop. Tout ce qu'elle savait c'était qu'elle voulait un truc isolé des autres, si possible bosser à son compte. C'est qu'elle était devenue presque sauvage à force d'être constamment remontée contre les autres. La seule avec qui elle s'entendait vraiment, c'était elle-même. Et encore. Elle s'insupportait toute seule. Elle savait qu'elle était détestable et paradoxalement elle aimait son caractère. Elle trouvait ça imparable et sans faille, d'être fermée à tout ce qui l'entourait. Il n'y avait que de la méchanceté qui puisse ressortir d'elle, ainsi on ne cherchait pas à l'ennyer ou à s'attirer sa sympathie par pur intérêt. Elle croyait ne manquer de rien.
Bref, c'est dans un petit studio, plus précisément dans un lit que se trouvait Izumi pour le moment. 7h30: la trotteuse arrive sur le zéro et le réveil commence à sonner pour le moins désagréablement. Une main jaillit de la couette et se pose violement juste à côté. Ca y est, elle était réveillée. Elle se décida à émerger des couvertures, les cheveux en bataille et les yeux à moitié fermés. Elle finit par parvenir à éteindre l'appareil maudit avant de s'étirer tant bien que mal. Aujourd'hui c'était quoi donc comme jour déjà? Il devait bien y avoir une raison pour qu'elle aie été réveillée... Erm, elle se rappellait maintenant. =_= Lundi 1er Avril, rentrée au lycée. Le rendez-vous au gymnase était prévu pour 08H45. Elle avait un quart d'heure de marche ou cinq minutes de bus mais comme elle ne connaissait pas les horaires de celui-ci, c'était vu d'avance. Quelle idée aussi de concentrer toute la population lycéenne dans un endroit comme le gymnase? Il y avait une cour immense devant le lycée (d'après la brochure en tout cas), n'aurait-ce pas été plus simple? S'ils étaient des moutons, autant les parquer à l'air libre, ne? Enfin, la décision ne lui appartenait (malheureusement) pas et elle allait bien devoir se retrouver coincée avec tous ces gens qui la bousculeraient et contre qui elle ne manquerait pas de passer ses nerfs.
Voyons voyons, elle ne savait rien de cet endroit. A vrai dire, en se réveillant ce matin-là, elle n'avait même pas reconnu l'environnement qui l'entourait. Il faut dire qu'elle avait emménagé la veille dans le petit studio 4 pièces (chambre, cuisine, salon/salle à manger/bureau, salle de bain) généreusement mis à disposition par l'état en tant que logement universitaire. L'endroit était crasseux et quasiment insalubre mais Izumi avait bien l'intention d'y remédier, ne serait-ce que pour l'année qu'elle allait passer ici. Toute seule ça allait être difficile mais bon elle trouverait bien un petit truc pour assurer des revenus minimes et puis de toute façon elle ne voulait de personne. D'ailleurs, elle ne connaissait personne... Ah si, en y réfléchissant bien, il y avait une personne qu'elle "connaissait". Il s'agissait d'Iken. Elle l'avait connu à l'hosto où elle était hier encore, ce fameux hôpital où elle avait séjourné quatre longues années durant. Il avait eu des problèmes avec sa jambe, il était même tombé dans le coma. Elle l'avait connu parce que pendant leurs heures libres communes, les jeunes étaient réunis (de gré ou de force) ensemble par âge. Maintenant, elle ne s'en rappelait pas plus que ça, juste qu'il lui avait dit qu'il allait lui aussi en troisième année à Shirokin High School. Elle ne savait pas si elle avait envie de le revoir. Se mettre à côté de lui en classe lui permettrait peut-être d'éviter d'être trop dégoutée par quelqu'un d'autre mais on ne pouvait pas dire qu'elle l'aimait non plus. Elle avait été forcée de le supporter alors maintenant elle pensait encore pouvoir y parvenir, même sans contrainte. S'il fallait quelle supporte quelqu'un, autant que ce soit lui. Il savait qu'elle n'était pas loquace. Maintenant, est-ce qu'il essaierait de la faire chier? Si ça arrivait, il s'en mordrait les doigts et sinon, tant mieux. Il lui semblait qu'il savait où elle habitait. Mais tout était tellement flou... Est-ce qu'elle lui avait dit de passer ce matin? Pas de souvenir.
Pour l'heure elle allait faire un peu de rangement. Hier elle s'était esquintée à frotter partout pour enlever le plus gros (avec un acharnement tout particulier pour la salle de bain dont les carreaux avait retrouvé leur couleur originelle), aérer tout ça, et remettre les appareils indispensables en état de fonctionner. Il faudrait qu'elle finisse ça ce soir. Elle avait aussi chassé du cafard hier et maintenant elle se sentait déjà un peu plus à l'aise. Elle sortit de son lit. Autour d'elle, les murs blancs étaient nus et la lumière du jour envahissait la pièce par la fenêtre dépourvue de volets comme de rideaux. Elle traversa le salon jusqu'à la salle de bain pour y arranger ses cheveux et se passer de l'eau froide sur le visage. Bon Dieu, comme cette journée allait être longue...
Elle commença par un brin de toilette. Une douche, rapide et indispensable et puis les p'tits gestes qu'on fait le matin. Elle pris soin de vérifier l'absence de cafards mais apparement les fabricants avaient enfin mis au point des produits efficaces. Elle n'avait pas faim et ne ressentait pas d'autre besoin que celui de s'habiller, ce qu'elle fit rapidement. Elle fit son lit et, maniaque comme elle l'était, ne put s'empêcher de ranger, nettoyer encore un peu avant de quitter le studio, clefs en main.
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Dim 3 Sep - 16:18